

Mon parcours
Découverte de la photographie
Dans mon parcours artistique, la photographie a été une première étape. Une école de la sensibilité, un calibrage de l’œil aux formes et aux couleurs!
Au cours de ma formation en communication, je découvre la photographie en tant qu’outil de témoignage sur le monde, à travers le reportage et ses applications médiatiques.
J’y vois le moyen d’exprimer ma perception sensible et esthétique du monde qui m’entoure. Mon but est de « faire changer le regard sur les choses », incitant à délaisser l’ostentatoire pour découvrir l’authentique….
Ma vision du monde, c’est celui d’une fresque vivante à l’intérieur de laquelle s’épanouit le jeu des apparences et des faux-semblants : détails d’un toit sicilien offrant l’aspect de gaufrettes au chocolat, formes fantomatiques dansant à la surface de l’eau, texture quasi matelassée d’une fraise…Mes compositions sont une abstraction où prédominent lignes et couleurs. Mais, très vite, la surface figée du papier glacé me frustre. Une fois tirées sur le papier, mes images m’apparaissent figées dans leur prison de papier glacé, en total décalage avec l’énergie vitale qui a suscité leur naissance. Je choisis de donner à l’image plane une matérialité palpable et m’intéresse à l’encadrement (pour lequel je suis une formation).
Il devient prolongement de l’image, forme une œuvre plastique à part entière. Ainsi, la vision se perd, s’interroge et s’étonne. Le « cadre », loin d’enfermer, affranchit la matière du sujet et offre à l’imagination une réalité qui replace le spectateur dans le contexte de prise de vue. Une mise en scène théâtrale de l’œuvre…
Découverte de la peinture…
C’est en Inde que je découvre la notion d’« univers chromatique », dans les lumières saturées de ce pays et les camaïeux flamboyants qu’offrent les objets du quotidien.
Je délaisse peu à peu la photographie pour une forme d’expression plus décorative : des « miroirs » aux pourtours découpés portant des brisures de matières enrichies de couleurs. Peu à peu, les formats s’agrandissent et les premières compositions abstraites apparaissent, réalisées sur des panneaux de bois.
En 2002, je découvre les travaux de Jean-Philippe Lenclos sur la géographie des couleurs : chaque lieu géographique possède une identité de couleurs, de matières et de graphismes en fonction de son environnement, sa culture ou sa tradition locale. Je décide de me tourner vers la peinture pour pouvoir exprimer ma propre vision chromatique du monde. Optant pour les châssis, plus légers, je crée mes premiers tableaux inspirés des couleurs du monde que j’enrichis par l’exploration des matières emblématiques et d’une recherche « ethnographique » sur les cultures qui m’inspirent. Ainsi, à partir de thématiques géographiques, chacune de mes toiles offre ma propre vision sensible d’une ville ou d’une région du monde à travers le prisme de son univers chromatique mais aussi de l’un de ses éléments culturels emblématiques. (Toile de jute, soie sauvage, métal, papier ou copeaux de bois…)
…et de la matière
Mais la surface plane de la peinture ne me suffit pas. Car, au-delà d’une vision esthétique et chromatique du monde, ce qui m’intéresse, c’est l’épaisseur du monde, la façon dont l’homme y laisse son empreinte, grâce aux éléments visibles par lesquels il s’exprime et qui le caractérisent, le démarquent et l’identifient.
J’enrichis donc ma « géographie » de la couleur par l’exploration de ses matières emblématiques et d’une recherche « ethnographique » sur les cultures qui m’inspirent. Ainsi, à partir de thématiques géographiques, chacune de mes toiles offre ma propre vision sensible d’une ville ou d’une région du monde à travers le prisme de son univers chromatique mais aussi de l’un de ses éléments culturels emblématiques.
Partie intégrante de la toile, les matières apportent l’ultime expression d’un ressenti complété par l’imaginaire. Une façon pour moi de témoigner de la beauté esthétique du monde tout en me servant de ses composants palpables, et, par là même, de revendiquer ma propre appartenance au monde, connectée à lui dans la sensation universelle de l’acte créateur…
Matières et couleurs, le métissage
Ma technique emprunte à la fois à la sculpture (modelage) et à la peinture.
La matière offre un point d’ancrage dans la réalité. Sa manipulation est le règne de l’instinctif, du spontané mais aussi de l’identitaire. La matière, c’est aussi ce qui me renvoie à ma réalité innée : nécessité du contact direct, quasi charnel avec le matériau. Essentiellement de récupération, la matière devient une texture vivante dans laquelle je plonge mes mains pour trouver de façon instinctive l’équilibre des formes et l’harmonie physique sur la toile. Elle est pétrie, modelée avant d’être figée dans la colle ou les enduits.
Une fois sèche, la matière durcie devient une énorme boursouflure qui constitue le « corps » de l’œuvre, prêt à recevoir la couleur. Car sur mes toiles, la matière brute n’est jamais laissée en tant que telle. Brut, le matériau relève du domaine de l’instinctif, du spontané et de l’intime, Pour moi, la matière est l’élément identifiant par essence. Support de l’empreinte, elle offre le moyen physique d’appuyer sa marque, de faire apparaître sa particularité, nécessitant obligatoirement le travail de la couleur qui en est l’habit, la peau…
Entièrement mise au service de la matière, la couleur, symbole de la culture, dévoile, révèle et transcende.
Dans ce rapport inconditionnel entre matières et couleurs, la peau et le cœur peuvent instaurer un dialogue et c’est ce dialogue qui est au coeur de mon travail. La matière rend visible une disposition du réel et crée une perception particulière où la peau et le cœur peuvent enfin se parler…
Mise en scène
La mise en scène est chez moi culturelle : une fantaisie toute méditerranéenne masquant une terrible mélancolie. Un paradoxe hérité de ma région d’origine, le sud de l’Italie, grandiose et poétique. Un ilôt géographique singulier à la mentalité contrastée, une région aride et profondément chaleureuse, où l’attachement à la terre y est identitaire et la matière omniprésente, à la fois prisonnière et nourricière…De monstrueuses collines aux nuances ocres et brunes, dans lesquelles les herbes folles ont du mal à survivre et pourtant s’accrochent. Un environnement à la beauté saisissante et au destin miséreux donnant la sensation dérisoire d’y être invincible.
Lorsque je m’y rends, je ressens le lien indicible qui me lie à la terre, épaisse, que l’on saisit à pleine main et qui reste l’ultime lien d’appartenance à une société.
Quête identitaire
Le voyage a toujours fait partie de ma culture. L’âme aventurière et le cœur généreux, mes parents m’ont transmis le goût de la curiosité et le sens de la découverte : s’ouvrir à l’inconnu, accepter ses surprises, savourer ses richesses, en laissant faire le hasard.
Mon oeuvre est profondément marquée par la revendication d’une personnalité en constante interrogation identitaire, portant en elle les valeurs contradictoires de ses pays d’origine.
Processus créatif
Un pouvoir secret me lie à la matière et mon acte créatif ne peut qu’être impulsif.
C’est un pari sur la beauté, teinté d’un soupçon de bons sens…
La composition, ce sont mes mains qui la dirigent, l’équilibre des formes, je la ressens plus que je ne la raisonne.
Dans la lumière parfois inadaptée de mon atelier, je sculpte la matière, associe des matériaux impensables, détourne, coupe et brise suivant un rituel. C’est la partie de création la plus éprouvante suivie par de longues heures d’attente afin que tout se coagule et s’épouse..
Une harmonie physique entre les constituants.
Le positionnement des matières, l’équilibre de leurs formes et la répartition de leur poids sur la toile est un acte magique, mélange de chimie et de mécanique. Une fois sèche, elle devient une énorme boursouflure qu’il reste à habiller de couleurs…
Le mélange des couleurs je l’expérimente sur le tas. En fonction de sa texture et de sa porosité, la matière me force à adapter mes techniques : seul un « jus » très dilué réussira à pénétrer les fibres d’un tissu rebelle, un mélange pâteux adhérera à une soie trop lisse, un effleurement de pigments purs révélera le grain subtil d’une surface textile. En forçant le geste, c’est la matière qui dirige l’inspiration…
De même, le choix de la peinture fonde l’univers de l’œuvre. Les camaïeux issus de la terre, accentués par leur aspect poudré évoquent le sable du désert. Brillante et transparente, la laque posée sur un bois lissé nous entraîne dans l’univers aquatique.
Energie créative
Je me conditionne mentalement. Il faut sentir le moment juste, celui où l’envie, les sens, sont aiguisés à point pour accueillir une émotion véritable, couplée à l’énergie qui lui correspond. C’est cette même énergie qui prend forme. Dans la vie, j’observe en permanence, je photographie inconsciemment des détails qui m’inspirent le travail d’une matière, qui rendent apte à ouvrir le dialogue.
Le moment où je sens que le rendu plastique se confond avec ma pensée et mon besoin vital de sentir mes émotions absolument exprimées. Eprouver ce sentiment troublant que l’on est parvenu à se comprendre soi-même…
2011 : Vers une abstraction conceptuelle
Mon ouverture sur l’international et ses réseaux m’offrent l’occasion de participer à des festivals d’art à l’étranger au cours desquels je confronte ma sensibilité à celle d’artistes venus du monde entier. Par l’échange et le dialogue, je sens le besoin de m’exprimer à travers des techniques nouvelles qui me portent peu à peu vers une forme d’art plus conceptuelle à travers des œuvres 3D ainsi que des installations.
J’intègre le mouvement « Energy Tracks », groupe international d’artistes dont les expérimentations portent sur les processus physiques et chimiques capables de créer une énergie, chromatique ou plastique. Ma recherche porte alors sur la polymérisation de colles sur matières fragiles telles que carton, papier, tissu dont je transforme la structure. A l’opposé de la quête d’une revendication de l’éphémère, mes travaux s’inscrivent dans la dynamique du temps qui n’aurait plus de prise sur la matière dite « fragile », lui faisant accomplir le défi de durer.
Mon projet plastique s’articule autour de l’idée de l’emballage dans son sens allégorique de «parure sociale», mais surtout autour de ses paradoxes. Interprété dans sa vocation de signe, cet emballage devient tour à tour le cocon annonçant la naissance, l’exaltation plastique d’une métamorphose, ou un leurre capable de modifier l’identité par l’altération de la forme.
Festivals et rencontres internationales
-10ème festival des arts plastiques de Settat (Maroc)-Juillet 2012
exposition et rencontres-ateliers avec des artistes issus du monde arabe et européen
-Festival d’art contemporain « I colori del mondo », Roccella Ionica (Italie)-Septembre 2012
exposition et rencontres avec des artistes issus du monde entier
-Internional ART IN VENICE
partage de vie avec les artistes William Herrod (USA), Lorna Crane (Australie) et Martin Stynes (Angleterre)
Rencontres artistiques personnelles marquantes :
-visite de l’atelier de Nik Spatari et entretien avec son épouse , directrice du Musaba, musée
-visite de l’atelier et entretien avec Ali HASSAN (Qatar)
-visite de l’atelier et journée rencontre avec l’artiste italien Lino Porrari (Milan)
-Résidence d’artiste à DART LOUANE, Rabat (Maroc)
-Résidence artistique dans le studio de l’architecte Chris Reati à Bordeaux, rencontres avec des artistes photographes et sculpteurs de la région
L‘aventure PEBEO : une libération du geste
Pendant 10 ans, je suis intervenante/formatrice pour le service export de la société Pébeo, fabricant français de produits beaux-arts. Ma mission est de former et de montrer aux clients importateurs de différents pays ainsi qu’au personnel de grandes enseignes l’application ou l’utilisation des gammes du fabricant dans une version « beaux-arts ». Cette expérience m’oblige à pratiquer des gestes improvisés mais maîtrisés face à un public international. Outre de me faire découvrir des univers aux cultures variées, de rencontrer des artistes locaux, du Portugal, aux USA, en passant par la Russie ou les pays de l’Est, cette expérience m’apporte une ouverture sur mes propres gestes et une forme d’assurance qui me permet de m’ouvrir à des modes de création jusque là non osés
Un questionnement, un regard sensible porté sur le monde que nous composons. L’expérimentation est une forme de résistance. Dépasser les limites, ouvrir de nouvelles portes, s’interroger sur ce qui se trouve au delà des acquis, refuser le confort pour un risque qui en vaut peut-être la peine. L’art est avant tout un un vecteur de communication envers les autres. Je considère que la vie d’une œuvre commence au sortir de l’atelier, au moment d’une exposition, lorsqu’elle s’offre au regard des autres. Elle devient un merveilleux prétexte à l’échange avec l’autre qui exprime sa propre émotion et commente la vôtre jusqu’à déceler parfois les aspects les plus obscurs de votre personnalité, apporter un bout de réponse qui vous emmènera vers d’autres questions. Une façon de se sentir vibrer, d’être vivant.
2020 : Découverte de la sculpture et céramique
Suite à diverses formations auprès de l’atelier de Gwendoline Aubert et de Brigitte Gruson, je découvre la céramique qui apporte une autre dimension au travail des matières. Passionnée par la technique su NERIAGE et suite à la découverte des potières de Sejnane, en Tunisie et de leur technique ancestrale de la terre sigillée, j’oriente mon travail vers ces pratiques qui ouvrent vers la pleine expression artistique du travail de la terre. En parallèle, je déploie ma découverte de la matière dans une version sculpturale de mes techniques de recyclage et collages de matières.
Vie associative
-De 2005 à 2010, Co-fondatrice et présidente de l’association « Drôles de femmes », association Loi 1901 ayant pour objet la promotion de l’entreprenariat au féminin.
-De 2007 à 2009, co-fondatrice de l’association « l’art en partages », association Loi 1901 ayant pour objet la sensibilisation à la création par l’échange et le partage.
-2023 : Création de l’association « Toutar et thérapie » visant la promotion de
Les ateliers, interventions en arts plastiques
Intervenante en arts plastiques dans des structures auprès de publics variés, je propose également des cours et stages autour de la matière et sa transformation par la couleur dans mon propre atelier lillois mais aussi auprès de structures variées. Mon approche de la pratique artistique vise à stimuler la créativité, à ouvrir la sensibilité à de nouveaux horizons et surtout…à apprendre à oser !
Dans mes ateliers, l’approche est basée sur l’humain : enfants, familles, adulte en situation de fragilité y trouveront un moyen de se sentir valorisés par la création. Je travaille avec des publics variés : associations, centres sociaux, IME et autres publics spécifiques (handicap, Alzheimer), en France mais aussi à l’étranger car je maîtrise l’anglais et l’italien.
Pour aller plus loin :

INTERVIEW
Sûrement dans une vie antérieure ! Je ne fais pas partie des gens qui sont nés artistes. Ma vocation est venue sur le tard, un peu inopinément.
L’audace ! La majorité de mes travaux sont des approches expérimentales de la matière, initiée au sein du mouvement « ENERGY TRACKS », groupe international d’artistes dont les expérimentations portent sur les processus physiques et chimiques capables de créer une énergie, chromatique ou plastique. Je travaille beaucoup sur la polymérisation de colles sur matières fragiles telles que carton, papier, tissu dont je transforme la structure. A l’opposé de la quête d’une revendication de l’éphémère, mes travaux s’inscrivent dans la dynamique du temps qui n’aurait plus de prise sur la matière dite « fragile », lui faisant accomplir le défi de durer. J’ai érigé mes propres techniques à force de travail et d’expérimentation. Un artiste est un chercheur alchimiste…
Dans mon parcours artistique, la photographie a été une première étape, une discipline, une école de la sensibilité au service de la mesure des choses, un calibrage de l’œil aux formes et aux couleurs. Dans mon travail de peintre, j’applique cette même rigueur qui, paradoxalement, mène au dépassement de soi, fait accoucher l’inconscient et surgir le mystère.
Ma démarche de plasticienne s’articule autour du concept de l »emballage, dans sa dimension allégorique de parure sociale altérant la nature originelle des choses. Mon questionnement porte sur ses limites et ses contradictions, sa capacité à dissimuler, transformer ou révéler la « matière » intérieure.
Je me conditionne mentalement. Il faut sentir le moment juste, celui où l’envie, les sens, sont aiguisés à point pour accueillir une émotion véritable, couplée à l’énergie qui lui correspond. C’est cette même énergie qui prend forme. Dans la vie, j’observe en permanence, je photographie inconsciemment des détails qui m’inspirent le travail d’une matière, qui rendent apte à ouvrir le dialogue.
Le moment où je sens que le rendu se confond avec ma pensée et mon besoin vital de sentir mes émotions absolument exprimées. Éprouver ce sentiment troublant que l’on est parvenu à se comprendre soi-même…
Un questionnement, un regard sensible porté sur le monde que nous composons. L’expérimentation est une forme de résistance. Dépasser les limites, ouvrir de nouvelles portes, s’interroger sur ce qui se trouve au-delà des acquis, refuser le confort pour un risque qui en vaut peut-être la peine. L’art est avant tout un un vecteur de communication envers les autres. Je considère que la vie d’une œuvre commence au sortir de l’atelier, au moment d’une exposition, lorsqu’elle s’offre au regard des autres. Elle devient un merveilleux prétexte à l’échange avec l’autre qui exprime sa propre émotion et commente la vôtre jusqu’à déceler parfois les aspects les plus obscurs de votre personnalité, apporter un bout de réponse qui vous emmènera vers d’autres questions. Une façon de se sentir vibrer, d’être vivant.
Je n’ai aucun modèle de référence. J’aime l’idée que l’on puisse créer sans aucune influence. J’aime beaucoup le sculpteur sénégalais Ousmane Sow. Je l’aime pour son parcours, son histoire, sa façon d’être tombé dans l’art par hasard et avec beaucoup de force, sa façon d’être un artiste « à part », avec humilité et talent. Dans ma peinture, je me reconnais dans l’approche technique d’ Alberto Burri, précurseur de l’art informel. Comme lui, j’ai éprouvé un rapport physique avec la surface de la toile que je lacérais, triturais, maltraitais.

